C’est en Suisse que les experts du climat se réunissent, du 13 au 17 mars, et s'emploient à une ultime relecture du 6e rapport de synthèse du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), avant une adoption à l’unanimité par les représentants des 195 pays membres. Cette approbation avait été repoussée à deux reprises dans l'année 2022.
Le contexte
L’enjeu est de synthétiser les données scientifiques rendues par trois groupes de travail: description scientifique du changement climatique (publication en 2021); impacts, adaptation et vulnérabilité (2022); et actions à engager pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (2022).
En plus de ces trois rapports complets, trois rapports spéciaux ont été produits: réchauffement à 1,5° C (2018); océan, neige et glaciers (2019); utilisation des terres et sécurité alimentaire (2019).
L’ambition des scientifiques est d’intégrer l’ensemble de la connaissance, des informations à destination d’un plus large public. Dans un langage accessible et non-technique.
Les raisons des reports
Tout au long de l’année 2022, “le Covid a rendu les réunions plus difficiles et les relations entre auteurs plus compliquées à mettre en place, détaille Nathalie Hilmi, experte en économie environnementale et auteure du Giec (volet sur les impacts). Or, la clé du succès de ces rapports du GIEC, c’est une approche collaborative multidisciplinaire qui nécessite beaucoup de discussions entre les experts.”
La scientifique s'attend à des discussions serrées, car les résumés à destination des décideurs "sont approuvés mots à mots". Les nations ont eu voix au chapitre, tout au long des travaux préparatoires, ce que l'experte du climat Valérie Masson-Delmotte qualifie de "co-construction".
L’urgence est toujours là
L’heure reste à l’urgence, souligne Nathalie Hilmi: “Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour que la conscience de la société civile et les cris d’alarme des scientifiques rencontrent les volontés politiques, mais on est en bonne voie. Il faut juste faire vite, car le climat n’attend pas!”
En cinq mois, la “diplomatie environnementale” a connu deux COP (climat et biodiversité) et deux grands textes sur la protection des milieux naturels, l’accord de Libreville sur les forêts et le traité sur la protection de la haute mer, adopté à New-York.
Pour la chercheuse Nathalie Hilmi, atténuation du changement climatique et protection de l’environnement vont de pair.
“Sachant que les écosystèmes marins et terrestres sont à la fois menacés par le changement climatique, mais aussi qu’ils font partie de la solution (en absorbant le CO2 par exemple), il est nécessaire de lier ces deux risques environnementaux: changement climatique et perte de la biodiversité.”
Nathalie Hilmi, experte en économie environnementale
Des avancées récentes
Très attachée à la justice environnementale, Nathalie Hilmi retient plusieurs avancées récentes pour déterminantes. “Les pays en développement ont été entendus à la COP 27 quand ils demandaient plus de justice climatique et la mise en place du fond de perte et préjudice.” Ce fut l’avancée majeure de la COP 27 de Sharm-El-Sheik de novembre 2022.
“D’un autre côté, la COP 15 de la biodiversité a donné l’accord de Kunming-Montréal qui est une belle avancée pour la protection de notre planète: avec 30% de zones protégées d’ici 2030”, résume la chercheuse.
Au niveau planétaire, un million d’espèces sont menacées d’extinction, 75% de la surface terrestre est altérée de manière significative et 85% des zones humides ont disparu (source Office français de la biodiversité).
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