"Rendre hommage à cette profession": Jennifer Devoldère et Melvin Boomer présentent le film "Sage-homme" à Nice

Dans "Sage-homme", le jeune comédien, qui incarnait JoeyStarr dans la série "Le Monde de demain", joue un garçon qui intègre une école de sage-femme par défaut, après avoir échoué en médecine. L’acteur et la réalisatrice ont présenté leur film à Nice.

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Jimmy Boursicot Publié le 15/03/2023 à 14:30, mis à jour le 15/03/2023 à 12:18
Photo DR

Début mars, "Sage-homme" a été projeté en avant-première au Pathé Masséna de Nice. Quelques heures plus tôt, on avait rencontré Melvin Boomer, l’acteur principal de ce film signé Jennifer Devoldère, également co-scénariste (avec Cécile Sellam), à l’hôtel "Beau Rivage".

L’occasion d’en apprendre plus sur un long-métrage souhaitant "inverser la problématique, montrer un homme qui doit se faire une place dans un monde de femmes", comme l’affirme Jennifer Devoldère, tout en mettant à l’honneur les sages-femmes.

Jennifer, pourquoi avoir choisi de centrer votre récit sur ce métier?

Jennifer Devoldère: Je voulais rendre hommage à cette profession. Les gens ne saisissent pas bien le rôle exact de la sage-femme, ni l’étendue des missions qu’elle remplit. Ce sont des gens qui font cinq ou six ans d’études, qui peuvent aussi faire des vaccins, des échographies, pratiquer un frottis, faire de la prévention... Sans parler de tout le travail post-partum.

Melvin, saviez-vous quelque chose de ce monde?

Melvin Boomer: Pas du tout, même si ma sœur veut exercer ce métier et que ma mère travaille dans le domaine de la petite enfance. J’ai tout découvert en faisant le film. Le boulot des sages-femmes reste peu connu, et encore moins reconnu.

Jennifer, comment avez-vous formé votre duo?

J. D.: On a vu environ 200 jeunes hommes pendant le casting pour le personnage principal, Léopold. Melvin est passé parmi les premiers, je l’ai fait revenir plein de fois ensuite. Je l’ai mis face à Karin Viard et j’ai tout de suite vu que ça se passait bien entre eux. Elle aussi avait cette impression. De mon côté, Karin était une évidence pour le rôle de Nathalie. C’est sa voix que j’entendais quand j’étais en train d’écrire le scénario. Je me suis un peu inspirée de sa véritable personnalité pour imaginer le personnage. Heureusement qu’elle a accepté le projet ensuite.

Melvin, c’est comment de tourner avec Karin Viard?

M. B.: Ah, c’est quelque chose! J’ai senti qu’il pouvait y avoir une transmission entre elle et moi. Elle a une immense carrière, je l’observais beaucoup et elle m’a aussi donné quelques conseils, sur la manière de lire un scénario par exemple. Elle n’a pas besoin de montrer que c’est une grande actrice. Ce que j’ai apprécié, et je pense que ça se ressent à l’écran, c’est qu’elle ne prend pas toute la place, elle a laissé mon personnage exister. Notre complicité s’est renforcée au fur et à mesure, comme dans l’histoire.

Jennifer, comment avez-vous procédé pour coller le plus possible à la réalité?

J. D. : On a reconstitué une maternité dans la faculté de sciences de Nancy. On a fait quelques plans au CHU de Nancy, dans le hall ou les extérieurs. Et il y a beaucoup de gens qui jouent leur propre rôle dans le film. Des sages-femmes, des aides soignantes, l’anesthésiste, l’obstétricienne, des policiers, des brancardiers... Le mélange avec les acteurs pros a donné une certaine chorégraphie, des mouvements plus naturels dans les scènes.

La maternité, c’était le point de départ idéal pour placer un homme dans un "monde de femmes"?

J. D. : Oui. Je voulais aussi parler du genre: quelle est la place de l’homme, de la femme? Est-ce qu’il y a une place à avoir, d’ailleurs? Je trouvais que c’était intéressant de voir un jeune homme entrer là en traînant des pieds, pour aller à la rencontre de l’intime féminin.

Y a-t-il de vous dans ce personnage de Léopold, Melvin?

M. B.: Oui, je crois. Dans une partie du film, on voit que l’échec n’est pas définitif. On peut toujours se relever, je crois que c’est important de le dire. On est tous forcément bon dans quelque chose. Moi, avant de devenir comédien, j’ai souvent été en échec scolaire, je suis dyslexique. J’ai toujours eu peur de décevoir mon père, qui m’a pourtant toujours énormément soutenu. J’ai connu une relation qui ressemblait un peu à celle de Léopold avec son père, où il y avait un manque de communication.

La naissance d’un joli duo

L’histoire

Quand Léopold voit les portes du cursus en médecine se refermer devant son nez, il ne sait plus quoi faire. Impossible d’emprunter une autre voie, en Hongrie, comme son pote plus fortuné. Pas question non plus de dire la vérité au paternel, protecteur mais taiseux et exigeant. Alors, il penche pour une école de sage-femme, avec une seule idée en tête: profiter d’une passerelle pour reprendre ses "vraies" études et devenir médecin.

Mais au contact de Nathalie, une professionnelle chevronnée, impliquée à l’extrême et à la personnalité libérée, son regard évolue peu à peu. Au fil des cours et de son stage, son léger mépris pour ce métier moins "noble" s’efface. Au contact des nouveau-nés, le jeune homme parvient alors à exprimer des sentiments longtemps enfouis chez lui.

Notre avis

On se demande si ça vaut encore la peine de le préciser. Sans surprise, Karin Viard est impeccable dans la peau de cette sage-femme d’expérience, revêche en apparence, avant d’afficher une grande humanité. Dans son sillage, Melvin Boomer livre aussi une prestation aboutie. Pour sa première apparition au cinéma, il confirme les belles dispositions observées dans "Le Monde de demain". Les rôles annexes, tenus par des comédiens non professionnels (mais vrais soignants) apportent aussi de l’authenticité à l’ensemble.

En revanche, si la construction du film permet une belle mise en valeur du métier de sage-femme, on peut regretter le côté "cousu de fil blanc" de la progression de l’histoire et quelques scènes un peu convenues autour d’un jeune de quartier cherchant à s’extraire de son milieu.

> De Jennifer Devoldère (France). Avec Melvin Boomer, Karin Viard, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas. Comédie dramatique. 1h49.

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