Les photos légendaires de Gilles Traverso, indélébiles au Palais des festivals de Cannes

On les voit, figés sur papier glacé, mais on pourrait presque les écouter. Visages sur images, son coupé. Mais des personnalités musicales à jamais passées à la postérité.

Il y a Antoine, cheveux longs et regard embrumé qui lève son verre à la santé du yé-yé, bien avant d’avoir trouvé son atoll retraité. Le jeune Henri Salvador, tout sourire en charmante compagnie, à moins que la jeune femme qui l’accompagne ne soit là pour Eddie Barclay (en veste blanche, bien sûr).

Noir et blanc toujours avec Gainsbourg et Jane, qui jouent à "je te fais la gueule, moi non plus" sous un parasol de plage. Liza Minnelli, souriante en tailleur sur canapé, mais sans De Niro pour chanter New York New York sur la Croisette.

Les rois de la claquette, Fred Astaire et Gene Kelly bras dessus bras dessous en smoking-noeuds pap’, qui ne manquent évidemment pas de talons. Notre Johnny national qui flirte avec Nathalie Baye, rock-acteur dans le Detective de Godard.

De Maurice Chevalier à Rihanna…

Bjork, qui tire la langue avec irrévérence à l’heure de recevoir la Palme d’or et le prix d’interprétation féminine pour Dancer in the Dark, le film de Lars Von Trier dont elle avait évidemment signé la B.O.

Tout aussi inattendu, le concert surprise de Bono et ses potes de U2 sur les marches pour fêter le 60e. Rihanna qui salue presque timidement les photographes dans une tenue classe de reine blanche à laquelle la chanteuse ne nous a guère habitués.

Ou Grace Jones, toujours excentrique et déjantée, même lorsqu’elle ne joue pas la méchante d’un James Bond… Mais aussi les grands Charles, Aznavour et Trenet, Maurice Chevalier, Julien Clerc, Ringo Starr, Sammy Davis Junior, La Callas, John Lennon, Barbra Hendricks, Sting et Shaggy, Matthieu Chedid, Madonna donnant la réplique blonde à Sharon Stone… soit une trentaine d’artistes de 1950 à nos jours, qui composent la partition photo de l’exposition "Cinéma et Musique", à voir jusqu’au 25 août au Palais.

David Bowie, "à l’état pur"

Il faut dire qu’au Festival du film, la famille Traverso connaît la chanson! Depuis la fondation du studio photo en 1919, ces Cannois se passent le flambeau (et l’appareil photo) de père en fils, pour immortaliser les stars de la Croisette sans jamais leur voler la vedette.

C’est Gilles Traverso, dernier héritier de la collection, peau tannée et tatouée comme une rock star, qui a choisi ces clichés pour faire écho à l’expo sur Charlot (alias Charlie Chaplin) dans la salle d’à côté.

Et s’il ne devait en citer qu’un? "Ah, David Bowie! C’est l’artiste à l’état pur, chanteur, acteur [N.D.L.R.: Furyo, les Prédateurs ont notamment été présentés à Cannes], peintre, photographe, tout ce qu’il touchait relevait de la grâce. "

Un de ces Heroes éternels, qui touchent aussi au cœur…

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Cinéma et Musique, une exposition de Gilles Traverso jusqu’au 25 août au Palais des festivals, tous les jours de 14 à 22h. Entrée comprise avec le ticket pour l’exposition The Kid Charlie Chaplin (4,50 e réduit: 2,50 e, gratuit jusqu’à 18 ans)