David Lynch, Roman Polanski, Stanley Kubrick, Orson Welles... la crème du 7e art projetée à Monaco

Vincent Vatrican, directeur de l’Institut audiovisuel décrypte la saison « Tout l’art du cinéma », qui s’attachera cette année à évoquer à sa façon, les souvenirs et les combats du prince Albert-Ier.

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PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY Publié le 16/10/2021 à 11:34, mis à jour le 16/10/2021 à 11:34
Parmi les films projetés cette saison, une aventure de James Bond, Jamais plus jamais, sortie en 1983 avec Sean Connery dans la peau de l’espion britannique. Warner Bros collection IAM

Le cocktail est bien dosé entre du cinéma d’hier et d’aujourd’hui. D’ici et d’ailleurs. Et un casting très fort de maîtres du 7e art : David Lynch, Jean Renoir, Roman Polanski, Jane Campion, Stanley Kubrick, Cecil B. DeMille, Wes Anderson, Ernst Lubitsch, Orson Welles ou Éric Rohmer… Ils ont tous un film programmé dans la saison 2021/2022 de « Tout l’art du cinéma ».

L’institut audiovisuel de Monaco reprend son rythme de croisière d’épicentre de la création cinématographique en Principauté en proposant des projections, des rencontres et des échanges autour du 7e art. Le directeur de l’institut, Vincent Vatrican, livre les contours de cette saison qui démarre...

Un personnage plane sur votre programmation cette année, le prince Albert-Ier. Vous avez voulu que cette saison lui ressemble alors que l’année 2022 marquera le centenaire de sa disparition ?
Chaque année, nous donnons aux Mardis du Cinéma, une thématique. Pour cette saison, nous avons réfléchi pour regrouper une quinzaine de films qui évoquent la mémoire, les engagements et l’héritage de la pensée d’Albert 1er. Le challenge était assez relevé car le prince disparaît en 1922, il n’a pas connu le cinéma parlant, mais un cinéma d’actualité documentaire. Et nous n’allions pas faire une programmation à 100 % d’un cinéma contemporain d’Albert 1er. Notre choix a donc été de trouver des films de tous horizons, de toutes époques, de tous courants qui puissent d’une manière ou d’une autre évoquer soit son combat dans l’affaire Dreyfus avec le film J’accuse, soit sa rencontre avec Buffalo Bill, soit des territoires qu’il aimait explorer comme le Portugal et le Maroc. Si le lien n’est pas toujours évident en première analyse, ce sont des films qui rappellent ses engagements.


Notamment ceux envers la nature et les sciences ?
Bien sûr. Sur le thème de l’océanographie, on laisse filer l’imaginaire en ayant choisi le film de Wes Anderson, La vie aquatique. Le personnage farfelu joué par Bill Murray dans ce film, s’inspire de la figure du commandant Cousteau, qui lui-même a en partie endossé l’héritage du prince Albert 1er quand il était directeur du Musée océanographique. Puis en fin de saison, le 9 juillet, nous proposerons une ciné-conférence au Palais princier baptisée « Les mondes d’Albert Ier », où nous raconterons son histoire en images, en s’appuyant beaucoup sur l’iconographie des archives du Palais, du Musée océanographique, de la SBM pour dresser le portrait d’une personnalité multiple qui a eu différents engagements et qui a beaucoup voyagé.

"un vrai parcours
et une identité"


Cette saison, davantage de films de ces vingt dernières années composent la sélection. C’est un choix ?
C’est un fait, mais sans volonté manifeste. Nous avons aussi plus de films américains et français. Le challenge était plus difficile que d’ordinaire pour avoir accès aux copies, un certain nombre de films n’étaient pas accessibles. Il a fallu essayer de trouver une autre proposition sans forcément trop affecter l’équilibre de la saison.


Le 11 janvier, vous ouvrirez 2022 avec un James Bond, Jamais plus jamais, sorti en 1983. Un clin d’œil à l’actualité ?
Pas vraiment, quand nous l’avons programmé, la date de sortie du dernier James Bond n’était pas encore annoncée. Nous l’avons choisi car dans le label « Monaco en films », nous proposons souvent des films anciens et notre envie est aujourd’hui de montrer des films de toutes époques. Ce James Bond là, contient deux longues séquences tournées en Principauté. En plus, il se trouve que nous ne l’avions jamais programmé ! Et puis nous avons retrouvé une petite archive étonnante que nous diffuserons avant la projection. En 1983, l’avant-première de Jamais plus jamais s’est déroulée à Monaco à l’auditorium Rainier-III, et en présence du casting du film, dont Sean Connery qui incarnait James Bond.


Dans un autre genre, le programme contient le J’accuse de Roman Polanski consacré à l’affaire Dreyfus, dont la sortie en 2019 avait été entourée d’une immense polémique autour du passé du réalisateur. Espérez-vous, en le programmant, qu’on puisse redécouvrir le film ?
J’espère, oui, que l’on regardera le film pour ce qu’il est. C’est-à-dire, à mon sens, un film très réussi. L’histoire de ce procès est marquante et je trouve que dans le récit, qui est presque de l’ordre de l’enquête, Polanski est toujours juste.
La scène d’ouverture dans la cour des Invalides où Dreyfus est défait de ses attributs de soldat, le mouvement de caméra qu’utilise Polanski pour filmer la déchéance publique de cet homme devant le corps de l’armée est un moment époustouflant et très émouvant. Le film questionne ouvertement l’histoire et le mensonge. On pourrait même le décoder de manière encore plus vertigineuse puisque cette affaire de mensonge et de trahison, est née au même moment que le cinéma, lui-même un art du mensonge…

"des choses qu'on n'a pas l'occasion de voir ailleurs"


En parlant de réflexion cinéphile, le 31 janvier, vous recevrez la réalisatrice Mia Hansen-Love pour une masterclass. C’est un nouveau rendez-vous ?
Oui, que nous avons démarré l’an dernier, en collaboration avec la Fondation Prince Pierre pour accueillir Arnaud Desplechin. Je suis très heureux d’accueillir à nouveau une cinéaste dont je suis le travail depuis un moment. Notre volonté est de recevoir chaque année une personnalité du monde du cinéma avec un vrai parcours et une identité. C’est le cas de Mia Hansen-Love qui viendra parler de son travail à partir d’un axe particulier, en l’occurrence celui de la conception des plans dans la mise en scène.


Cette saison marque aussi le retour du public pleinement, et notamment à l’Institut audiovisuel où la programmation de votre salle de projection va reprendre également ?
L’an passé nous avons été frustrés. J’espère, croisons les doigts et gardons le masque, que la saison pourra se tenir normalement. Les jauges reviennent à 100 %. À l’Institut, la Petite salle va offrir de manière ponctuelle un certain nombre de rendez-vous pour mettre en lumière un cinéma un peu alternatif. Le principe est de toujours accompagner la projection d’une personnalité qui vient amener pour le spectateur une plus value, un commentaire. La première séance aura lieu ce samedi [lire aujourd’hui], avec November Days, un film de Marcel Ophuls. La Petite salle et ses 35 places permettent la discussion plus libre et nous allons essayer de faire valoir cette formule en espérant qu’elle prenne. C’est la vocation de cette salle, de montrer des choses qu’on n’a pas l’occasion de voir ailleurs.

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Monaco-Matin

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