Après "J'irai dormir chez vous", Antoine de Maximy était à Monaco pour présenter son nouveau projet de film... bien décalé !

Antoine de Maximy, l’insatiable baroudeur de "J’irai dormir chez vous", était hier à la Médiathèque de Monaco. Il a présenté les coulisses de l’émission et un nouveau projet : un long-métrage fictif

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Propos recueillis par Thibaut Parat (tparat@nicematin.fr) Publié le 12/06/2019 à 12:00, mis à jour le 12/06/2019 à 09:32
Antoine de Maximy a visité plus de 110 pays, dont 60 avec son émission phare. Photo Jean-François Ottonello

Sa chemise rouge vif est aussi célèbre que le bonnet du commandant Cousteau ou l’écharpe de l’éditorialiste Christophe Barbier. Antoine de Maximy a traîné ce signe distinctif et ses deux caméras dans plus de soixante pays avec la série de documentaires J’irai dormir chez vous. Toujours dans l’improvisation la plus totale.

Depuis 2004, ce globe-trotter - globe-squatteur serait-on tenté de dire - régale les téléspectateurs avec ses rencontres lunaires à l’autre bout du monde. Snobé aux débuts du concept, le baroudeur de 60 ans, vrai bûcheur à l’air ingénu et à la bonhomie légendaire - ce qui lui a permis de s’extirper de quelques mauvais pas - se lance désormais dans un tour de France (et de Monaco !) pour promouvoir son nouveau projet de film : J’irai mourir dans les Carpates. De la pure fiction, rassurez-vous. Mais un clin d’œil à ces rares fois où le pire aurait pu arriver. Hier à la Médiathèque de Monaco, il rencontrait ses admirateurs qui, via un financement participatif, peuvent mettre la main à la poche pour concrétiser un projet, là encore dédaigné par la profession. Rencontre.

Racontez-nous la genèse de ce long-métrage fictif baptisé "J’irai mourir dans les Carpates"?
Au cours de mes voyages, je me suis retrouvé sans arrêt, régulièrement en tout cas, dans des situations tendues où j’ignorais comment ça allait se finir. Que ce soit la fusillade qui a éclaté à Sainte-Lucie dans les Caraïbes ou dans un bar de punks à Berlin où des gens ont cassé ma caméra. Je me suis alors imaginé : et si ça dérapait vraiment? Et si je disparaissais? Qui pourrait savoir ce qu’il m’est arrivé vu que je voyage tout seul?

Justement, le point de départ est une disparition…
Imaginez que j’ai un bête accident de voiture dans les Carpates, en Roumanie. Que celle-ci est emportée dans une rivière et vidée par les flots. Les bagages et le matériel sont récupérés et rapatriés à Paris. La monteuse de l’émission décide alors de terminer le dernier épisode. Elle regarde les images et commence son montage. Elle remarque alors des choses bizarres et, progressivement, va entrer dans une enquête.

Pour que le projet voit le jour, vous avez lancé un financement participatif (*). Pourquoi ?
Je sors des cases avec ce film, lequel repose sur une série qui existe. Ça inquiète la profession donc ça n’avançait pas. J’ai donc décidé de forcer la chance avec ce financement participatif pour montrer que le public répondra présent. Si jamais la profession (le cinéma, les distributeurs, le centre national du cinéma et de l’image animée, les Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel) ne me suit pas et ne met pas d’argent pour ce film qui sort des cases, alors je le tournerai avec ce que j’ai récolté.

C’est un peu comme aux débuts de J’irai dormir chez vous. Les financeurs n’y croyaient guère…
Personne n’en voulait ! Quand j’ai proposé cette émission, que j’ai dit que j’allais partir au hasard, que j’allais filmer sans regarder dans les caméras, que je ne savais pas qui j’allais rencontrer, j’avais assez peu d’arguments pour convaincre. Mais je suis têtu et j’ai commencé à tourner plusieurs épisodes. Les principales chaînes ont refusé le programme. Voyages m’a fait confiance et j’ai pu tourner mais sans être payé car on n’avait pas assez d’argent. Canal + et puis France 5 ont fait connaître l’émission. Le cinéma, c’est beaucoup plus cher mais on peut en faire pour pas cher. Le financement participatif démarre bien (113.600 € sur 200.000€), donc on se dit qu’on va y arriver! Avec 200.000 €, on peut faire un tournage à l’arrache avec des comédiens pas connus, mais qui peuvent être très bons, payés trois francs six sous. Idem pour les techniciens. Ce n’est pas un tournage classique mais ça va le faire !

Le bonus, pour les gens qui financeront, ce sera un tirage au sort avec 100 personnes invitées à faire une fête et 10 à dormir chez vous. Ça donne quoi une fête chez Antoine de Maximy ?
Une fête reste une fête. Il y aura ce qu’il faut pour que ce soit bien (rires). Il y a aussi des contreparties : des chemises rouges, des sacs, des DVD…

Comment définiriez-vous J’irai dormir chez vous: du journalisme, un documentaire ethnologique ou un carnet de voyage ?
C’est un mélange de tout ça. Quand le téléspectateur regarde un épisode, il découvre un voyage. C’est aussi un jeu car il se demande ce qu’il va m’arriver, c’est aussi un documentaire sur le pays, il voit comment celui-ci fonctionne, comment sont les gens. C’est pour ça que cela plaît à un public extrêmement large.

Toutes ces rencontres, c’est un peu comme des amours de voyage?
C’est comme si, en effet. Un amour de vacances, c’est formidable quand ça se passe. Et puis après, chacun rentre chez soi, on s’appelle trois fois et on ne se revoit jamais. J’ai des nouvelles de certaines personnes mais pas tant que ça…

Vous avez couvert la guerre au Liban entre 1980 et 1983. C’est plus dangereux d’être reporter de guerre ou de voyager en solo?
Reporter de guerre car il y a des gens qui tirent partout. La guerre, ce sont des bombardements, des gens armés de partout. Quand tu te balades tout seul, il y a rarement des coups de feu.

Participer à Rendez-vous en terre inconnue vous tenterait?
Je pense que ce n’est pas ma place. Dans cette émission, l’animateur emmène des vedettes qui n’ont pas l’habitude de voyager. Moi, j’ai tellement l’habitude que je risque de ne pas être très surpris. Cela risquerait de ne pas être très intéressant.

Avec ce concept d’homme-caméra passe-partout, peut-on dire que vous êtes l’ancêtre du blogueur voyage?
D’une certaine manière, oui. Je sais que, désormais, certains pays se méfient plus des blogueurs que des journalistes. Ils en ont même peur. Ces derniers peuvent dire du mal d’un pays mais ils ont une déontologie et sont plus faciles à cadrer. Alors que les blogueurs peuvent raconter ce qu’ils veulent. Parfois des trucs vrais mais aussi n’importe quoi.

Savoir +
*Pour participer et financer le projet: https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/j-irai-mourir-dans-les-carpates


Tac au tac

Combien de pays visités ?
"À peu près 110 en tout et une soixantaine pour l’émission."

Un pays que vous aimeriez visiter
"La Corée du Nord, ça pourrait être intéressant. Le jour où on pourra y aller… J’ai fait des demandes qui ont été refusées." 

Votre plus grosse peur en voyage ?
"Il y en a eu pleins mais je n’ai jamais pris de coups. Je ne sais jamais répondre à cette question de "la/le plus". Ce qui m’intéresse, c’est la variété et le contraste." 

Un plat qui vous a marqué
"C‘est à la fin de l’épisode en Iran. Pendant le voyage, je ne mangeais pas bien car c’était le ramadan. La dernière “bouffe” a été exceptionnelle. "

Un lieu insolite où vous avez dormi
"Sur un caillou sous des branchages en Éthiopie avec sept frères. J’ai particulièrement mal dormi car très mal installé."

Votre regard sur la France depuis que vous voyagez
"J’ai envie de vivre et habiter en France et pas ailleurs. C’est mon pays et sans doute le meilleur du monde. Pour en prendre conscience, il faut avoir voyagé." 

Un peuple hospitalier
"Les Marocains. C’était il y a quinze ans, je ne sais pas comment ça a évolué depuis." 

Un paysage
"Le Grand Canyon, car c’est vraiment gigantesque." 

Pourquoi la chemise rouge ?
"C’est une couleur qui se voit bien de partout. Quand on a démarré la série, on n’avait pas d’argent et j’avais déjà trois chemises rouges. Ça coûtait moins cher d’en racheter trois de plus que six chemises d’une autre couleur."

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