Antonio et Bruno La Rosa réunis pour l’éternité

Fils d’un des martyrs de Sospel tués en 1944, Antonio La Rosa a retrouvé les traces de son père tardivement. Mort la semaine dernière, il sera inhumé à côté de celui qu’il n’a jamais connu.

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Alice Rousselot Publié le 07/02/2023 à 16:00, mis à jour le 07/02/2023 à 12:35
Antonio La Rosa était l’un des martyrs de Sospel. Sans que son fils le sache. Photo DR

Antonio La Rosa n’a jamais vécu à Sospel. Mais c’est dans le village de la Bévéra qu’il a souhaité être enterré. À côté du père qu’il n’a jamais connu ; dont l’histoire a pourtant retenu le nom. Et pour cause : Bruno La Rosa, originaire de Calabre, était l’un des quinze partisans italiens tués à Sospel le 12 août 1944 (lire ci-contre).

Orphelin depuis toujours, Antonio ignorait tout de cette histoire, jusqu’à ce que la retraite l’incite à pousser plus avant ses recherches généalogiques.

Il y a quelques années, il avait retrouvé la trace de son géniteur que tout le monde, en Italie, pensait simplement mort durant la guerre. Sans endroit où honorer sa mémoire.

Sur les traces de son grand-père

« Ils avaient signalé sa disparition. Dans le village, on disait que mon grand-père était probablement devenu un partisan, après avoir refusé de s’enrôler chez les Fascistes », indiquait le fils d’Antonio - mort la semaine dernière - dans les colonnes d’Il Secolo. Aidé par l’ANPI (Association nationale des partisans italiens), l’Italien était parvenu à mettre la main sur un dossier des années quarante, ainsi qu’une carte signée de son père représentant le Grammondo. De quoi faciliter le rapprochement avec les fusillés de Sospel...

Le maire, Jean-Mario Lorenzi, se souvient d’un coup de fil il y a une quinzaine d’années. « La secrétaire vient me voir pour me dire qu’un monsieur d’Italie aurait eu l’information que son papa serait enterré sur la commune. Les Alpini lui avaient dit de se rapprocher de Sospel. Depuis la fin de la guerre, il y a toujours eu une manifestation au village pour honorer les morts, mais ils n’avaient pas la liste. »

Une cérémonie en mars

À l’écoute du nom de l’Italien en question, l’élu tilte. Il ouvre le dossier consacré aux martyrs de 1944. Bruno La Rosa y figure effectivement. « On rappelle le monsieur, et quelques jours plus tard il arrive à Sospel. Il nous raconte toute l’histoire. Il n’était pas né quand son père est parti, et sa maman était restée sans nouvelles. Toute sa vie il a essayé de le trouver », résume le Sospellois. Précisant que depuis ce jour de retrouvailles posthumes, Antonio s’était habitué à venir en famille, tous les ans, pour la commémoration du 12 août. Et tous les 2 novembre, jour où l’on commémore les défunts.

« Cela faisait trois-quatre ans qu’il voulait être enterré à côté de son père. Alors nous avons tout fait pour lui trouver une place. On a fait une concession pour deux personnes », explique Jean-Mario Lorenzi. Précisant qu’une cérémonie sera organisée au mois de mars. Une belle manière d’honorer la mémoire de deux personnalités tenaces et valeureuses. Un père et un fils enfin réunis.

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