Affaire judiciaire en Italie, mercato, Mike James...: les confidences d'Alekszej Fedoricsev, président de l'AS Monaco Basket

Alekszej Fedoricsev, président de la Roca Team, réfute l’étiquette d’oligarque et répond aux rumeurs de difficultés financières. L’homme d’affaires évoque ses ambitions intactes et sa passion.

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F.P. et A.S. Publié le 14/08/2024 à 16:03, mis à jour le 14/08/2024 à 16:03
"Mike James a toujours faim et veut progresser avec le club", explique Alekszej Fedoricsev, président de l'AS Monaco Basket. (Photo Jean-François Ottonello)

Visé par une affaire extra-sportive en Italie, où la justice a gelé ses actifs dans la botte pour un montant de 41 millions d’euros, Alekszej Fedoricsev président de l’AS Monaco Basket a bien voulu s’exprimer dans nos colonnes. Le président des doubles champions de France répond sans détour aux accusations. Il fixe le cap, affirme ses ambitions et rappelle sa passion. Fedoricsev témoigne de la stabilité financière de l’AS Monaco Basket en ne cachant pas les difficultés qui touchent actuellement ses affaires en Ukraine.

Président, comment se passe votre été?

Énergique comme toujours! Je vous retrouve après l’entraînement, après avoir parcouru 40 km à vélo. J’ai apprécié le match de l’équipe de France avec cette finale à Bercy contre les Etats-Unis. Le résultat n’est pas celui espéré, mais les gars ont été magnifiques durant ces Jeux Olympiques. Particulièrement contre le Canada en quart et l’Allemagne en demie.

Parti de rien

Que pouvez-vous nous dire sur l’affaire vous concernant en Italie?

Comme la Roca Team sur le terrain, je répondrai avec des faits. Je dois d’abord dire que je suis très surpris d’être présenté comme un "oligarque russe". Je ne suis pas un oligarque car je ne me suis pas enrichi grâce à des connexions politiques ou à une privatisation d’une entreprise publique. J’ai construit ma société non pas en Russie mais en Ukraine, en partant de rien, à force de travail et grâce au concours de mes associés et d’une équipe remarquable. Je ne suis pas non plus Russe mais Hongrois. Je dispose d’un document officiel délivré par l’ambassade de Russie en Hongrie en avril de cette année qui le confirme. De plus, je n’ai pas visité la Russie depuis plus de 10 ans et, avant cela, j’ai toujours demandé un visa pour entrer en Russie en tant que citoyen de l’Union européenne.

D’éventuels soupçons n’ont pas manqué d’inquiéter les fans de la Roca Team...

Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. La procédure initiée en Italie l’a été à la demande des autorités ukrainiennes qui enquêtent depuis plusieurs années sur un différend de nature exclusivement commerciale survenu en 2014. Alors que cette procédure a débuté il y a plus de 7 ans, je n’y ai aucun statut pénal. Logique, car je n’ai commis aucune infraction. Depuis 1996, j’ai investi plus d’un milliard de dollars dans les infrastructures de l’Ukraine. Mes partenaires et moi avons construit l’un des meilleurs terminaux portuaires d’Europe. Comme il n’existe pratiquement aucun terminal de ce type en Europe, je suis confronté à des forces qui veulent s’emparer de mes actifs. C’est précisément à cela que sont liées les dernières nouvelles, auxquelles sera donnée dans un avenir proche la réponse qu’elles méritent sur le terrain judiciaire. A ce stade, je peux seulement vous dire que la justice ukrainienne m’a déjà donné raison plus de 50 fois en faisant échec aux tentatives de ces forces de saisir les actifs que je possède dans ce pays. Mes adversaires essaient désormais de contourner cet obstacle en abusant les autorités judiciaires étrangères.

La taxe? Payée

Demeurent les rumeurs au sujet de la stabilité financière la Roca Team...

Le dernier sujet abordé dans la presse était la question du paiement de la soi-disant taxe de luxe (instaurée par la LNB), qui a été payée à 100%. Et c’est un fait incontestable! Et en plus, le système de calcul pour les trois prochaines années a été revu et approuvé, ce pour quoi je remercie sincèrement le Président de la LNB. Le Conseil d’administration du club a approuvé le budget de la saison prochaine, qui a ensuite été soumis aux autorités financières et réglementaires de la LNB et de l’Euroleague. En septembre, nous fournirons, et si nécessaire nous le ferons publiquement, tous les rapports comptables de la saison 2023-24, certifiés et approuvés par les auditeurs externes du gouvernement. Cela dissipera tous les éventuels doutes.

Un président à fond derrière son équipe. (Ph. ASM).

Que pouvez-vous nous dire au sujet des difficultés de paiement liées à votre start-up des médias, Skweek?

Puis-je poser une question en retour: avant l’avènement de Skweek, les supporters français avaient-ils la possibilité de regarder chaque match dans un format TV à part entière? Skweek a pleinement et jusqu’au dernier euro rempli toutes ses obligations envers l’Euroleague et s’apprête à offrir à ses abonnés un produit de qualité lorsque, pour la première fois, trois clubs français s’affronteront dans la compétition européenne suprême. À ce jour, j’ai investi plus que quiconque dans le développement du basket français. Et j’ai l’intention d’en faire encore plus, car le potentiel du basket est tout simplement énorme.
Sur le plan sportif, les arrivées de Calathes, Papagiannis, V. Brown et Korkmaz montrent un Monaco ambitieux.

Pourquoi avez-vous choisi ces joueurs?

Tout d’abord, je suis heureux que tous ces joueurs aient choisi Monaco comme future destination, car ce n’est pas un secret qu’ils étaient convoités sur le marché et disposaient de plusieurs offres sur la table. Je pense que nos dernières recrues parlent d’elles-mêmes: le monde du basket nous fait confiance, les joueurs sont prêts à dire au revoir à leurs contrats NBA pour avoir l’opportunité d’être à Monaco. Nick a un grand leadership, de l’expérience et sait comment mener le jeu. C’est un gars que toutes les équipes aimeraient avoir. À côté, il faut des grands joueurs capables d’étirer le terrain. Vitto Brown et Georges Papagiannis ont ce profil-là car ils peuvent tous les deux shooter à longue distance. Korkmaz est un joueur polyvalent qui peut évoluer aux postes 2 et 3, je pense qu’il s’intégrera très bien dans notre système.

MJ, sa 2e maison

Il y a aussi des départs, ceux de Jordan Loyd, Donta Hall, Yakuba Ouattara. Est-ce une page qui se tourne?

Malheureusement, chaque été, nous devons faire des choix difficiles. Les gars savent à quel point je suis personnellement attaché à chacun d’entre eux, mais quelle que soit la difficulté ou l’émotion d’une décision de séparation, nous devons penser à l’équipe et aux moyens possibles de l’améliorer. Je pense que Donta et Jordan quittent Monaco avec d’excellents souvenirs, car ensemble nous avons créé quelque chose de spécial. Et nous remercions tout particulièrement Yak, qui est l’identité et le véritable symbole de la Roca Team! Il est plus qu’un simple capitaine qui a passé 8 merveilleuses années à Monaco. Il est une personne qui possède toutes les valeurs humaines sur lesquelles l’ASM Basket s’est basée.

Mike James a prolongé de trois saisons: peut-on dire que MJ rime avec Monaco, et vice versa?

Pas de doute! Mike a trouvé une seconde maison à Monaco, il a toujours faim et veut progresser avec le club. Il est engagé! Il se sent concerné et il est enthousiaste à l’idée de notre aventure commune.

Peut-on dire que le mercato de Monaco est terminé?

Oui, pour l’instant nous sommes satisfaits de l’effectif que nous avons construit. Mais nous allons toujours garder un œil sur le marché. Histoire de ne pas rater l’opportunité au cas où.

Votre rêve est-il toujours de gagner l’Euroleague avec Monaco?

Je pense que tous les présidents des 18 clubs d’Euroleague ont le même rêve. Je répondrais de la même façon. Je suis sûr que chacun de nos joueurs partage cette ambition.

Fier de Matthew

Matthew Strazel, qui revient des JO en argent?

Je suis très fier de lui ! Il a commencé à travailler sur son rêve olympique l’été dernier, lorsqu’il a été convoqué en tant que partenaire d’entraînement de l’équipe de France. Je suis venu assister au match amical de l’équipe de France à Orléans et j’ai vu à quel point il était concentré. Avons-nous eu l’occasion de parler ? Nous n’avons pas seulement parlé, mais nous nous sommes donné la main pour étendre notre coopération. Matthew n’a que 22 ans, mais il a déjà quatre titres de champion de France et une médaille olympique. Et son histoire ne fait que commencer.

Votre relation avec vos joueurs ?

Je les traite comme mes fils, je me soucie d’eux. Je dis toujours que je veux construire cette équipe sur des principes familiaux. Comme les très nombreux fans qui ont déjà pris leur abonnement, j’attends avec impatience le 29 septembre, date du retour du jeu à Gaston-Médecin. Comme eux tous, cette adrénaline me manque. Je veux voir la nouvelle équipe en action! Mon écharpe est prête.

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