C’est plus qu’un roc, plus qu’un pic, plus qu’un cap. Et même plus qu’une péninsule. C’est un tournant. Un virage, un vrai!
Nous voici au départ de la 90ème édition du Rallye Monte-Carlo. Mais aussi à l’aube de la 50e saison d’un championnat du monde porté sur les fonts baptismaux ici-même, au pied du Rocher, en 1973. La fameuse époque des mousquetaires Alpine...
Ce jeudi 20 janvier s’ouvre une ère nouvelle. À son tour, le WRC fait un pas vers les énergies et les technologies plus propres, en adoptant une motorisation hybride. Pas de quoi modifier outre mesure son empreinte carbone dans l’immédiat, certes, puisque les bolides flambant neufs mis en route ce jeudi ne couvriront qu’une petite poignée de kilomètres de liaison en mode 100% électrique, ici comme ailleurs.
Mais la mutation est enclenchée. Pour l’occasion, Monaco redevient la plaque tournante de son épreuve: parc d’assistance unique ancré autour du port Hercule et parcours (4 étapes, 17 spéciales) concentré dans les deux départements les plus proches, 06 et 04. Il faut faire une marche arrière de seize ans pour trouver la date du dernier précédent (2006), avant les implantations longue durée à Valence et à Gap.
"La Principauté peut ainsi mesurer le chemin parcouru par une discipline qui a beaucoup changé, évolué", souffle Christian Tornatore. Le directeur de l’épreuve a réussi un challenge loin d’être gagné d’avance. En faisant quelques concessions, notamment sur le nombre d’engagés, limité à 75 par manque de place, alors que l’Automobile Club de Monaco avait reçu 110 demandes...
"Sébastien et Sébastien" en têtes d'affiche
Le plateau a quand même fière allure à tous les étages. En haut, les trois poids lourds du WRC, Toyota, Hyundai et M-Sport Ford, mettent le paquet d’entrée. Pas moins de onze Rally1 hybrides orchestrent en effet cette première valse.
Les têtes d’affiche? Sébastien et Sébastien, pardi! Comme on se retrouve... Dès ce jeudi, et jusqu’à dimanche, si leurs mécaniques tiennent la distance, les fans sudistes massés au bord des rubans d’asphalte auront les yeux de Chimène pour ces "monstres sacrés" du sport auto français, qui pèsent à eux deux la bagatelle de 17 titres suprêmes.
Tête couronnée puissance 8 depuis deux mois, Sébastien Ogier, à 38 ans, se glisse dans la peau d’un "intermittent du spectacle". En compagnie du Grassois Benjamin Veillas, successeur de Julien Ingrassia dans le baquet de droite de la Toyota GR Yaris n°1, l’ogre haut-alpin n’honorera de sa présence que cinq ou six échéances du calendrier 2022, afin de prendre le temps de réfléchir à la suite d’une carrière qui bifurquera bientôt vers les circuits... ou pas.
Le Monte-Carlo, jardin d’hiver chéri, ne pouvait que figurer dans le lot. Débarrassé de la pression inhérente à la course au titre, celui-ci, recordman de l’épreuve assis sur huit glorieuses, vise la gagne, rien que la gagne.
Quant à Sébastien Loeb, inoxydable, increvable, à bientôt 48 printemps, sitôt rentré du Dakar (2e), il débarque chez Ford pour une pige. Voire plus, si affinités. Sans Daniel Elena, avec Isabelle Galmiche, néophyte au top niveau, le nonuple champion du monde, sept fois vainqueur du "Monté" entre 2003 et 2013, ressort ses griffes à bord d’une Puma apprivoisée vite fait bien fait: seulement trois petits jours d’essais au compteur. En espérant mettre son grain de sel dans le combat des chefs.
Pas de neige à l'horizon
Qui animera la lutte au sommet? Qui essuiera des plâtres? Qui tirera le mieux son épingle d’un jeu à multiples inconnues? Bien malin qui peut le prédire ce jeudi.
Dans le camp Toy’, la valeur sûre Elfyn Evans et le jeune loup Kalle Rovanperä piaffent d’impatience. Prêts et pressés d’en découdre dans cette guerre de succession, où les revanchards Thierry Neuville et Ott Tänak espèrent hisser haut l’étendard Hyundai. Même ambition pour Craig Breen et Adrien Fourmaux, le "Frenchie" qui monte, avec la bannière Ford.
À vrai dire, la seule quasi-certitude vient du ciel. De ce soleil persistant qui jette une ombre au tableau. Cette année, janvier n’est pas vraiment le mois du blanc. À vérifier dès ce jeudi soir sur les pentes d’un col de Turini rimant à nouveau avec nuit, où la neige ne devrait guère encombrer le champ d’action...
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