Stéphane, à qui doit-on l’engagement du duo Jarier-Ortelli en Endurance Racing Legends?
J’ai la chance de partager ce week-end avec Jean-Pierre grâce à un ami collectionneur azuréen qui nous prête l’une de ses voitures. Croyez-le ou non: Jean-Pierre est arrivé ici hier (ce vendredi, ndlr) en imaginant qu’il allait rouler en démonstration. Il ne pensait pas un instant disputer une vraie course face à autant de spécialistes plus affûtés les uns que les autres...
Et alors?
Pas d’essais libres au programme, donc on a plongé direct dans le bain des qualifications. Un régal! Jean-Pierre m’épate. Après vingt ans sans "compète", il reprend vite la cadence. D’entrée, il m’a raconté ses dérives bien maîtrisées dans le double droit du Beausset. Il lui faut encore un peu de temps pour tout remettre dans l’ordre. Normal. Vous savez, cette Venturi 400 Trophy de 1992 n’est pas l’auto la plus moderne ni la plus rapide du plateau Endurance Racing Legends. Là, on est dans la peau du Petit Poucet. On roule juste pour le plaisir, pour savourer à fond l’instant présent, comme un surfeur enchaînant de belles vagues.
Quel souvenir gardez-vous du Jarier pilote de Formule 1?
Je l’ai vu courir à Monaco et ici, au Paul Ricard. Je me rappelle surtout de la période Tyrrell (1979-80). Magnifique! J’avais une dizaine d’années. Mon premier autographe, c’est celui de Jacques Laffite. Parce que papa (le regretté Jean Ortelli) le connaissait bien. Mais quand je jouais aux petites voitures, je m’appelais Jarier ou Depailler! Si la victoire s’est refusée à lui (3 podiums, 3 pole positions), Jean-Pierre a marqué les esprits.
En témoigne son surnom resté dans les annales. Combien de pilotes de F1 en possèdent un? Pas des masses... Moi, je connais "Magic" (Ayrton Senna), "Le Professeur" (Alain Prost) et "Godasse de plomb" (Jarier). Ça lui allait comme un gant. Là où tous les autres levaient le pied, Jean-Pierre, il gardait la pédale de droite soudée au plancher.
Vos trajectoires s’étaient déjà croisées par le passé?
Oui, en 1995, au sein de l’écurie Larbre Compétition. Aux 24 Heures du Mans, il partageait le volant d’une Porsche RSR GT1 avec Erik Comas et Jesus Pareja. Moi, j’étais engagé sur l’autre RSR GT1 en compagnie d’Emmanuel Collard et Dominique Dupuy. Il s’agissait de mon baptême du feu là-haut. On avait disputé tout le championnat BPR, cette année-là. Jean-Pierre était capable de faire des choses incroyables avec cette auto. Les jeunes pilotes du team débutant en Endurance comme moi essayaient tous de le copier pour aller aussi vite...
Quel est le secret de sa longévité d’après vous?
Jean-Pierre, il a su se mettre au vert loin de l’effervescence des villes, dans un coin de campagne varoise entre Cogolin et Grimaud. Il s’est préservé des folies de la société. Là, je le retrouve avec la même envie de découvrir, de progresser. À 76 ans, comme s’il s’était arrêté de courir hier...
Vous-même, à 52 ans, vous vous imaginez encore taquiner le chrono dans un quart de siècle?
Ouais, complètement! Tant que la passion et la santé sont là, pourquoi arrêter? Jean-Pierre restera un pilote jusqu’au dernier jour de sa vie. Comme Jacky Ickx, Derek Bell et bien d’autres. Donc je me vois tout à fait continuer le plus longtemps possible. Pas parce que je veux exister. Juste parce que j’aime ça plus que tout.
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