Ils se sont donné rendez-vous hier à 14h30 sur le parking de l’héliport. Les chauffeurs regroupés par l’association des exploitants de taxis indépendants de Monaco (AETIM) ont constitué une longue file de véhicules et ont fait le circuit du Grand Prix de Formule 1 à vitesse lente.
Une décision prise le matin même, aussitôt après une conversation entre le gouvernement et Christophe Bovini. Le président de l’association aurait appris "que le ministre d’État a ordonné que des macarons soient vendus à tous les taxis des communes limitrophes qui en ont fait une demande, y compris à ceux ayant attiré défavorablement l’attention des services de police dans le passé."
Or, au Journal de Monaco de vendredi dernier, le 14 mai, un arrêté ministériel stipule que "le pétitionnaire qui aurait attiré défavorablement l’attention de la direction de la Sûreté publique ne pourra pas prétendre à la délivrance d’une vignette."
11 autorisations attribuées aux taxis étrangers
Selon les taxis, le gouvernement se dédit et ne peut pas ignorer les mains courantes que des chauffeurs monégasques ont déposées pour dénoncer certains de leurs collègues étrangers qui exercent à Monaco sans autorisation ou de façon abusive.
Autre désaccord, le nombre de prises en charge des chauffeurs étrangers. "Nous contestons le fait que, malgré de nombreuses demandes communes avec les grandes remises de Monaco, le gouvernement n’ait pas acté un maximum de cent prises en charges annuelles (...), souligne un chauffeur de taxi en colère qui veut rester anonyme. La crise que nous traversons est sans précédent et nous avons le sentiment que notre propre gouvernement ne prend pas toutes les mesures pour faire respecter le principe de priorité nationale, au profit de transporteurs étrangers sans scrupule."
Mais le gouvernement n’a pas la même position: "La limite des prises en charge annuelle est toujours d’actualité dans le dispositif en vigueur pour l’année 2021. Ce dispositif qui est contrôlé par la Sûreté publique permet ainsi de réguler le marché en Principauté. Le gouvernement a privilégié la concertation avec le secteur des taxis. Dans un geste d’apaisement, il a accepté, sous des conditions très strictes, de délivrer 12 vignettes à des taxis étrangers qui ne peuvent se substituer aux taxis monégasques."
Activité réduite de 70% ce printemps
Les quatre-vingt-quinze chauffeurs de Monaco s’inquiètent également du nombre d’autorisations délivrées aux taxis français: "onze au lieu de dix" selon eux. Alors, ils disent leur "sentiment de colère et d’incompréhension".
"Même si le gouvernement nous vient en aide considérablement depuis le début de la crise sanitaire [aides de la CARE, 5.000 puis 2.500 euros mensuels sans justifications de chiffre d’affaires, prise en charge des courses au 2/3 par l’État pour les clients de Monaco, N.D.L.R.], nous sommes à l’agonie et n’avons plus l’impression d’être chez nous, explique le chauffeur monégasque. Entre mi-mars et fin avril, l’activité a été réduite de près de 70%. Et depuis plus d’un an et demi, plusieurs demandes auprès du gouvernement pour protéger notre activité sont restées hélas lettres mortes."
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