On l'avait connu dompteur de lionnes. C'était au siècle dernier, il y a plus de vingt ans, à l'époque de la Peugeot 905 Spider Cup (1993) et du championnat de France Supertourisme (1994) avec la 405 Mi16 officielle. Soit juste avant d'entamer sa fabuleuse moisson de lauriers, titres et victoires, en Endurance et Grand Tourisme.
Aujourd'hui, le voici dompteur de Jaguar ! « Comme j'ai déjà piloté des Bentley et des Aston Martin par le passé, ça devait être écrit quelque part », rigole Stéphane Ortelli à l'heure d'entamer un nouveau chapitre pour le moins inattendu...
Des perspectives de croissance
Fer de lance du rouleau compresseur Audi ces dernières saisons sur le front des Blancpain GT Series, le Monégasque vient en effet de négocier un virage radical en intégrant l'écurie suisse Emil Frey Racing, petit poucet du paddock. « Avec Audi et le team WRT, on avait l'habitude d'enchaîner les podiums », explique celui qui, entre autres, a coiffé deux couronnes (Endurance 2012, Sprint 2013). « Autant dire que je ne m'attendais pas spécialement à devoir mettre un point final à cette longue et fructueuse collaboration l'hiver dernier. »
Une ultime victoire aux 12 Heures de Sepang et puis s'en va ! Contrat non renouvelé, le fidèle serviteur des anneaux d'Ingolstadt s'est retrouvé à pied. Mais pas dans une impasse. « Aujourd'hui, Audi est en période de restriction et non de construction. Le scandale Volkswagen les a contraints à réduire la voilure, notamment en n'engageant que deux prototypes hybrides au lieu de trois aux 24 Heures du Mans 2016. D'une part, ils avaient des pilotes à recaser en GT. De l'autre, le développement de la R8 LMS seconde génération est terminé. Alors, voilà... »
Prié d'aller rouler ailleurs, comme ses confrères Nicki Thiim et Chris Mamerow, Ortelli n'est pas resté longtemps en salle d'attente. « J'ai reçu tout de suite plusieurs propositions, dont certaines très attractives. »
Pourquoi donc a-t-il jeté son dévolu sur cette Jaguar GT3 « made in Switzerland » ? « On ne se connaissait pas, mais le contact s'est établi grâce à mes deux ex-coéquipiers suisses Nico Müller et Marcel Fässler. À bientôt 46 ans, je ne veux plus courir pour courir. Il me faut un plan qui va crescendo. Des perspectives de croissance. Pour tout dire, ce qui me motive, désormais, c'est d'aider une équipe à grandir. Faire profiter des jeunes pilotes de mon expérience. Emil Frey Racing dispute les Blancpain GT Series depuis quatre ans. Il s'agit d'un vrai préparateur puisque la voiture a été construite de A à Z dans ses ateliers. Si leur staff ne comprend pour l'instant que dix personnes, ils ont la volonté et les moyens de progresser. D'ailleurs, notre programme 2016 en Endurance Cup, catégorie Pro, constitue juste une première étape. Car d'autres challenges, dont on ne peut pas encore parler, se profilent à l'horizon en partenariat avec deux constructeurs... »
Motricité et moteur à optimiser
Afin d'enclencher la vitesse supérieure, l'équipe basée à Safenwil, entre Bâle et Lucerne, a également recruté le jeune pilote espagnol Albert Costa, ancien lauréat de l'Eurocup Formule Renault 2.0 (2009) et du Megane Trophy (2012), ainsi qu'un ingénieur ex-Toro Rosso F1. « Albert a 25 ans, comme Lorenz Frey, le team manager avec qui je partagerai aussi le volant. Quant à la voiture, je l'ai découverte au Castellet, lors de la répétition générale. Elle est facile d'approche. Bonne vitesse d'entrée dans les virages rapides. Ça donne confiance. Mais il y a du travail pour améliorer la motricité. Même chose du côté du moteur V8 que l'on peut optimiser. »
De Monza au Nürburgring via Silverstone, les 1.000 Km du Paul-Ricard et les 24 Heures de Spa, nul doute que le dompteur de Jaguar devra se surpasser face à une concurrence sacrément féroce...
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