Il y a toujours les croissants, le jus d’orange, le cappuccino et la jolie hôtesse affable aux petits soins... Seul le motor-home a changé. La tenue, aussi, évidemment.
Mercredi, polo rouge et casquette vissée sur le crâne, c’est un pilote Ferrari qui nous a accueillis... Pas encore l’égal d’un Vettel, bien sûr, mais de plus en plus proche sinon meilleur (!), si l’on en juge par ses chronos de début de saison.
Ferrari? Une autre planète, certes, pour le môme Leclerc. Mais un Charles toujours aussi nature, déterminé et méticuleux dans son propos. Lisez plutôt.
Charles, Monaco, ce n’est désormais plus une nouveauté pour vous. Ça change la donne?
C’est quand même la première fois avec Ferrari… Donc ça reste spécial. L’état d’esprit reste le même, beaucoup de joie et de motivation d’être chez moi. En plus, il y a beaucoup de soutien en Principauté autour de moi en ce moment. Ma tête est en énorme sur les tribunes, ça m’a surpris au début, même à la gare, il y a des affiches où l’on me voit (sourire)…
Le début de saison de Ferrari est morose, que pouvez-vous attendre ici?
Ça va pas être un week-end facile pour nous… On a eu du mal dans les virages lents à Barcelone et plus généralement, depuis le début de saison. Et Monaco est surtout réputé pour les virages lents. Mais ça reste un circuit atypique, en ville, donc on va pousser un max. D’ailleurs à Bakou (circuit urbain, NDLR), on n’était pas si mal.
On annonce de la pluie, samedi en qualifications, ça peut jouer?
Disons que ce sera encore plus de la loterie, j’imagine… En karting, j’avais roulé sous la pluie ici, mais jamais en monoplace. On verra bien.
Vous avez roulé deux jours à Barcelone après le GP. Il y a eu des améliorations en vue de Monaco?
On n’a pas travaillé spécifiquement en vue de Monaco, car on est encore tôt dans la saison. Mais il y a eu un peu de ‘‘perfo’’ (performance, NDLR), même si je pense qu’on sera encore un peu derrière Mercedes…
Avez-vous un surcroît de pression à rouler ici, chez vous, pour Ferrari?
La pression, je ne la ressens pas, mais plutôt le soutien des gens ici. Ils prennent le temps de s’arrêter en ville et de me dire quelques mots, c’est plaisant.
Vous allez habiter chez vous, cette semaine?
Oui bien sûr!
Le décès de Niki Lauda, ancienne légende Ferrari, ça vous inspire quoi?
On était tous au courant de ses problèmes de santé… C’est très triste. Plus qu’une légende, et même si je ne le connaissais pas, dans le paddock, il avait toujours le sourire et donnait l’image d’une personne gentille, humble, accessible, malgré toutes les prouesses qu’il avait accomplies.
Ici à Monaco, peut-on être performant tout de suite?
Non, il faut y aller petit à petit, car il y a les murs, sinon c’est le crash garant ! On cherche la limite, tour après tour, pour être le plus près possible des murs.
Vous vous faites plaisir dans les rues de la Principauté pendant le GP, dans la voiture, ou alors, c’est après qu’on savoure?
Je profite. Le plus grand plaisir du GP, c’est quand on roule. Davantage que la course, c’est pendant la qualif’ qu’il y a le maximum d’adrénaline ici. Je n’ai pas d’aussi grandes sensations ailleurs, durant la saison…
Votre premier souvenir de F1 à Monaco?
Je devais avoir quatre ou cinq ans, je jouais avec des petites voitures avec mon meilleur ami et on regardait passer les F1 à la sortie du virage 1. Je regardais surtout la voiture rouge.
Quand vous étiez enfant, quel pilote suiviez-vous en particulier?
Aucun en particulier, mais les Ferrari ont toujours été spéciales pour moi, et je ne dis pas ça parce que je conduis pour eux.
Un pilote vous a-t-il marqué, malgré tout?
Ayrton Senna. Mon père était très fan d’Ayrton et il m’a transmis sa passion pour ce pilote. Quels endroits préférez-vous ici, quand vous êtes dans le baquet ? J’adore vraiment tout le circuit, mais ma partie favorite reste le dernier secteur.
Quel est votre bilan en rouge jusqu’ici, à titre personnel?
Je suis plutôt satisfait même si je reconnais qu’en termes de résultats, je m’attendais à mieux…
En quoi la Scuderia est-elle différente?
Ils sont plus poussés dans tout ce qu’ils font. On comprend vraiment, chez Ferrari, à quel point tout est important en F1 et pourquoi ils ont eu autant de succès, depuis toutes ces années. Aucun détail n’est pris à la légère!
C’est ce à quoi vous vous attendiez?
Oui, voire au-delà, car travailler avec autant de personnes, c’est impressionnant. Rien que dans le département F1, il faut apprendre à connaître les gens et savoir qui fait quoi.
En quoi pouvez-vous et devez-vous vous améliorer?
Techniquement, dans les détails et dans le retour, je peux progresser. Mais c’est seulement ma deuxième année de F1. Quand je suis à côté de Seb (Vettel, NDLR), il est très bon sur cet aspect-là, c’est normal. Mais je me sens très libre de dire ce que je pense de la voiture.
Du reste, vous êtes très critique envers vous-même, comme quand vous aviez tapé à Bakou…
Oui, c’est naturel, je suis comme ça. J’ai toujours été très exigeant avec moi-même, et ça m’a toujours aidé. Il faut apprendre de ses erreurs!
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