Côté bitume, Nico Rosberg est l'enfant du pays engagé dans ce Grand Prix de F1. Côté micro, Laurent Dupin peut prétendre au même titre. Le reporter de Canal +, né à Monaco en 1979, fait figure de régional de l'étape, fin connaisseur du tourniquet monégasque.
« J'avais 10 ans, je me souviens qu'un ami, à chaque Grand Prix, nous faisait passer les grillages pour se positionner juste derrière le rail et voir les voitures au plus près. Ce qui paraît aujourd'hui impensable, question sécurité. »
Une anecdote parmi d'autres pour le journaliste que le père emmenait chaque année à cette grande fête de la Formule 1. Il se remémore, gamin, quand il déambulait dans les stands et demandait des autographes à Alain Prost.
« J'avais accroché son poster sur le mur de ma chambre. Aujourd'hui, j'ai la chance de collaborer avec lui (Alain Prost est consultant pour Canal +, NDLR). Et quand parfois il m'appelle et que je vois son nom s'afficher sur mon téléphone, j'y pense encore. »
Parade avec les pilotes
Le rêve de son enfance cap-d'ailloise, celui de devenir journaliste sportif, Laurent Dupin l'a concrétisé. Le bac en poche obtenu au lycée Albert-Ier, un stage chez RMC le pique définitivement au virus du journalisme.
« À 20 ans, diplômé de l'IUT de Tours, j'ai commencé à être pigiste dans les médias pour le sport automobile. » Entré chez TF1 en 2008, il bascule en 2013 chez Canal + quand le groupe récupère les droits de diffusion de la F1. La chaîne cryptée déploie aujourd'hui quelque trente personnes en Principauté pour cette course, vue comme le « joyau de la saison ».
Un dispositif qui met le journaliste sur tous les fronts. De la réalisation de sujets décalés en marge des courses en passant par le commentaire, dimanche matin, de l'épreuve des Renault. Avant la parade très attendue.
« Depuis trois ans, j'embarque avec tous les pilotes dans le camion qui leur fait faire la parade d'honneur du dimanche. Nous sommes en direct à l'antenne et je peux les interviewer avant la course. Dans le monde assez fermé de la F1, où chaque pilote est toujours accompagné par son attaché de presse, il y a beaucoup de liberté à cet instant. En plus, le tour est grandiose. Quand on passe au pied des tribunes, pleine à craquer, c'est formidable. »
Ex-commissaire de piste
Un autre point de vue du circuit pour celui qui fut aussi commissaire de piste en 2002. « J'étais déjà journaliste mais j'ai voulu vivre cette expérience. Et je suis très heureux de l'avoir fait. Même si passer la journée en combinaison orange, en plein soleil, debout dans la montée d'Ostende, ce n'est pas le plus excitant », plaisante-t-il.
D'homme en combi, il est devenu un homme pressé autour du circuit. Enchaînant rencontres et collecte d'informations, comme sur l'ensemble des Grand Prix qu'il couvre dans le monde. « Je fais beaucoup de fiches, peut-être un peu trop », sourit-il.
Dimanche, il interviendra dans les commentaires de la course pour donner statistiques et informations de dernière minute. Un challenge dans ce Grand Prix si particulier.
« Monaco, c'est une topographie singulière. Il y a une proximité avec le public qui est unique. Les gens sont pratiquement collés à la piste. Et le positionnement des installations fait que l'on marche beaucoup, les pilotes doivent sortir de la bulle. Alors que généralement, un Grand Prix se déroule dans un environnement plus fermé. Je ne vois pas, par exemple, de grandes différences entre le Grand Prix du Bahreïn et celui de Belgique. Franchement, c'est la même organisation, ils se ressemblent. »
Et le passionné admet que la F1 est aujourd'hui moins en état de grâce qu'il y a quelques décennies. « Peut-être aussi parce qu'il n'y a plus de victoire française depuis vingt ans. Il y a toute une génération qui n'a pas connu d'idoles de la discipline à admirer. On est loin de l'ère Prost-Senna. Même si, à mon sens, il y a davantage de spectacle sur la piste aujourd'hui qu'à leur époque. »
Son pronostic pour dimanche ? « Je verrais bien en tête Daniel Ricciardo. Les voitures Redbull sur ce circuit peuvent faire le spectacle. »
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