"Drive to Survive": comment Netflix a su montrer une autre facette de la Formule 1

Depuis trois saisons, la série documentaire Drive to Survive diffusée sur Netflix dévoile les coulisses intenses de la Formule 1. Paul Martin, le producteur, dévoile l’envers du décor d’un tournage exceptionnel.

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Thibaut Parat Publié le 20/05/2021 à 11:07, mis à jour le 20/05/2021 à 11:33
Sur le Grand Prix de Monaco, les équipes de Box to Box Films sont plus nombreuses qu’à l’accoutumée. Photo Jean-François Ottonello

Voilà déjà trois saisons que Drive to Survive conte avec dramaturgie les batailles du rail qui se jouent sur les circuits du monde entier.

Produite par la société britannique Box to Box Films et diffusée sur Netflix, cette série aux images particulièrement léchées a réussi à capter bon nombre de profanes de la Formule 1.

La discipline reine du sport automobile était jusqu’alors en perte de vitesse médiatique.

Au-delà des bagarres sur l’asphalte, Drive to Survive s’attarde surtout sur les raisons qui poussent ces génies du pilotage à repousser les limites, sur les rivalités naissantes– parfois au sein de la même écurie–, sur la sempiternelle quête de performance. La série, très addictive, se consomme en un rien de temps.

À Monaco, un tourniquet pas comme les autres, les équipes de Box to Box Films s’affichent plus nombreuses qu’à l’accoutumée.

Paul Martin, le coproducteur de Drive to Survive, témoigne des coulisses d’une série devenue culte.

Trois saisons déjà diffusées pour entrer dans les coulisses de la Formule 1. DR.

Avec la diffusion de Drive to Survive sur Netflix, un nouveau public s’est mis à suivre la Formule 1. L’aviez-vous prévu?
Nous sommes conscients que Drive to Survive attire un nouveau public vers la Formule 1. C’est formidable pour le show et la discipline. Quand nous avons envisagé de réaliser la série, nous voulions simplement en faire la meilleure version possible. Nous ne visions pas un public particulier mais voulions simplement montrer l’autre part, l’autre facette, de ce sport.

Lors de la saison 1, Mercedes et Ferrari avaient refusé de vous ouvrir les portes de leur écurie. Comment les avez-vous convaincus?
Dès le premier jour, nous avons toujours voulu que ces deux écuries fassent partie de l’aventure mais elles avaient leurs raisons de ne pas y participer, ce que nous avons respecté. Finalement, pour la saison 2, nous n’avons pas eu besoin de les convaincre. Je pense qu’ils ont vu que la série était bénéfique pour la Formule 1 et ils ont ressenti ce besoin d’être de la partie.

Vous ont-ils fixé des limites ou bien avez-vous un accès illimité?
Ferrari et Mercedes fonctionnent de la même manière que les autres écuries. Tout est question de communication et de trouver le bon moment pour être avec elles lors de certains Grand Prix. Avec ces deux-là, ce n’est donc pas différent.

Au fil des saisons, les pilotes ont-ils changé de comportement vous sachant dans les parages?
Non. La plupart des pilotes ont d’autres chats à fouetter que notre série. Ils sont donc fidèles à leur personnalité. Il leur arrive de plaisanter avec notre micro perche ou de faire des blagues à la caméra, mais c’est à peu près tout.

Avec la crise sanitaire, comment avez-vous adapté votre tournage?
Comme tout le monde au sein des paddocks, nous avons dû suivre à la lettre les protocoles de la FIA et de la F1, et on ne transige pas avec. Nous opérons dans le cadre des bulles individuelles des écuries et nous leur sommes reconnaissants de nous permettre de travailler de cette manière.

C’est la foule qui rend Monaco si spécial

En quoi cela a-t-il manqué de ne pas avoir le Grand Prix de Monaco lors de la saison 3?
Le Grand Prix de Monaco est une partie tellement importante du calendrier que ce fut un manque énorme. Je suis tellement heureux qu’il soit de retour et que le public soit autorisé. Ici, c’est la foule qui rend Monaco si spécial.

Drive to Survive montre tous les aspects de la F1, y compris les drames et les conflits. Certains patrons d’écurie vous reprochent de trop romancer ou d’extrapoler les faits...
Non, je ne pense pas que ce soit le cas. En fin de compte, nous réalisons un show télévisuel et, à certains moments, nous dramatisons ou utilisons des sons ou des images pour obtenir un effet dramatique. Mais je pense que tous les membres du paddock s’accordent à dire que la série est une représentation authentique de la Formule 1.

La saison 3 a eu son lot de tensions entre les pilotes d’une même écurie, avec des changements de baquet. Avez-vous senti la tension monter au cœur des paddocks?
Oui, bien sûr. Vous pouvez sentir les rivalités et les conflits arriver. C’est un sport compétitif et tout le monde est là pour gagner, il est donc naturel que ces tensions apparaissent.

Comment trouvez-vous les bonnes histoires? Filmez-vous une seule écurie à chaque Grand Prix ou bien toutes les équipes?
Constamment, nous pensons à quoi peuvent ressembler les épisodes. On doit essayer de prédire l’avenir mais aussi être capable de réagir à des choses qu’on n’avait pas anticipées. Donc, notre approche varie. Sur certains Grand Prix, nous sommes avec une seule équipe, d’autres avec deux ou trois comme à Monaco.

On pensait qu’il ne s’en sortirait pas

Comment avez-vous vécu le terrible accident de Romain Grosjean au GP de Bahreïn, lorsqu’il est sorti de sa monoplace en feu?
C’était un sentiment horrible de regarder l’accident. Comme tout le monde, on s’attendait à ce qu’il ne s’en sorte pas. Auparavant, dans un accident de F1, je n’avais jamais vu un tel brasier à l’impact. Quand il a émergé des flammes, c’était très émouvant. Romain est quelqu’un que nous aimons dans la série et que nous avons appris à bien connaître au fil des trois saisons. Alors le voir sortir de la sorte était incroyable. Nul doute qu’il nous manquera cette année.

Quelles limites vous fixez-vous pour la diffusion des images?
Il faut être respectueux des pilotes et des écuries. Dans le cas de l’accident de Romain, nous nous sommes assurés que lui et sa famille étaient à l’aise avec l’intégralité de l’épisode.

La phrase sur Charles Leclerc

"Je pense que Charles Leclerc n’a pas fini de nous surprendre. Lors de la saison 1, alors qu’il pilotait pour l’écurie Sauber, je me souviens qu’il m’avait grandement impressionné. Dans les deux ou trois prochaines années, il va vraiment devenir une superstar de la Formule 1."

Paul Martin, coproducteur de Drive to Survive.

Pourquoi elle suit la série...

Justine Mouisel, Cannoise de 23 printemps, a découvert Drive to Survive par l’intermédiaire du bouche-à-oreille.

Avant de plonger dans l’intensité et l’intimité du microcosme de la F1, la jeune femme avait quelques idées reçues sur la discipline reine.

"Mon père regarde depuis des années mais moi, j’avais l’image d’un sport réservé à une élite, très masculin, associé à un milieu très riche. Cela ne m’attirait pas. Quand ça passait sur TF1, je trouvais ça long, avec très peu d’actions ou de retournements de situations."

Quelques épisodes consommés sur Netflix ont suffi pour qu’elle change d’opinion.

"La série est arrivée à capter mon attention, à amener ce côté personnel des pilotes avec leurs histoires, leurs sacrifices, ce qu’ils ont fait pour en arriver là. Forcément, je me suis attachée aux pilotes et j’ai hâte de suivre leur évolution. J’aime, aussi, ce côté "drama" entre les écuries et les pilotes. Désormais, je suis à fond la F1. Je ne rate aucun Grand Prix."

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