Dominique, le 17 septembre 2022, au départ du 34e Rallye du Pays de Fayence, savez-vous qu’il s’agit de votre dernière course?
Non, je n’ai pas encore pris ma décision. On est proche de la fin, je le sens. Et puis, durant ces deux jours, l’évidence me saute aux yeux. Je me rends compte que, même si j’ai une vie saine, même si je m’entretiens physiquement, le corps ne suit plus. À un certain âge, la passion ne suffit plus. C’est dur à accepter, mais il faut l’accepter. Le lendemain, à l’arrivée, je sais que je viens de conclure mon ultime chasse au chrono. Décision prise. Ferme et définitive.
Dans le baquet de cette Alpine A110 RGT bardée d’aides électroniques au pilotage, la frustration avait-
elle pris le dessus sur le plaisir?
Difficile à dire. C’est vrai que je n’ai jamais pris l’habitude de freiner en mode ABS. Globalement, je n’ai
pas retrouvé les sensations éprouvées autrefois au volant de la BMW M3 groupe A. Avec la "Béhème", on pouvait contrôler les dérives du train arrière. On maîtrisait. Là, si ça glisse, c’est trop tard. Tête-à- queue garanti!
Vous avez donc vendu votre Alpine de course pour acheter une Porsche 911 GT3 RS de série. Pas
vraiment une voiture de retraité...
Une voiture d’occasion sympathique, magnifique. 500 chevaux, 4 roues directrices, boîte 7 vitesses avec mode d’emploi à la carte (automatique, semi-automatique - palettes au volant - ou séquentielle, ndlr). Des assistances électroniques que l’on peut débrancher. Le bouton que je préfère, c’est celui qui ouvre les valves de l’échappement. Sans turbo sous le capot, ça donne un son rageur. J’adore! Elle date de 2016 mais on la croirait neuve. Ne le répétez pas mais je la caresse souvent du regard, assis sur une chaise, dans le jardin.
D’ailleurs, je passe plus de temps dehors que dedans. Depuis son acquisition, voilà trois mois, j’ai dû couvrir 250 bornes grand maximum!
En fait, vous vous êtes offert une cure de jouvence?
Absolument. On peut parler d’un retour aux sources. Vous ne croyez pas si bien dire car figurez-vous que j’ai disputé une seule et unique course sur Porsche: la première! Le Tour de France automobile 1970, je m’en souviens comme si c’était hier. Avec l’ami Jacques Lions, on se partageait le volant d’une 911 à moteur 2 litres bien moins puissante. Ce week-end, je vais boucler la boucle, en quelque sorte.
Cette participation au 64e Rallye Pays de Grasse Fleurs et Parfums en tant qu’ouvreur, vous l’avez préparée un peu, beaucoup ou pas du tout?
Pas question d’arriver les mains dans les poches ! Avec Patrick (Ferré, le copilote qui l’épaule ce week-end), on a fait les reconnaissances. Certaines spéciales changent de sens. Il faut se mettre à la page.
On part 15 minutes avant le premier concurrent de la course moderne. Dans les gros morceaux, col de
Bleine (ES 4 et 7), Pont des Miolans (ES 5 et 8), j’espère qu’il ne me rattrapera pas, hein!
Pour conclure, si votre trajectoire de recordman jalonnée de 127 victoires était à refaire...
Je ne changerais rien. Aucun regret. Le jour où j’ai rencontré Didier Auriol, je me suis rendu compte que l’on ne faisait pas le même sport. Lui, il roulait sur une autre planète. Moi, je n’avais pas le talent mais ma passion et ma motivation m’ont tout de même permis de parcourir un bon bout de chemin.
commentaires