
Pinceau à la main, Patrick Moya est en perpétuel mouvement dans son atelier du quai Antoine-1er.
PHOTOS. Dans son atelier à Monaco, Patrick Moya dessine entre réel et virtuel
Le 12/06 à 09h00 MàJ 12/06 à 09h09Il mélange les genres comme un cuisinier les ingrédients. Pour donner une recette originale dans le monde de l’art : la sienne. Patrick Moya a posé ses pinceaux à Monaco. L’artiste niçois qui trace un sillon singulier dans l’art contemporain depuis plus de vingt ans a reçu les clés, pour une année, d’un atelier vue mer, mis à disposition par le gouvernement princier.
Ses voisins de palier sont Fernando Botero ou Matéo Mornar à cet étage de "fabrique artistique". Un lieu stratégique aussi, car situé au-dessus du Centre scientifique avec lequel Moya est entré en collaboration. Sous l’impulsion de son patron, Patrick Rampal, il a imaginé plusieurs fresques numériques où des images se mêlent à sa peinture pour illustrer les thèmes de recherche des scientifiques. Des molécules de la biologie médicale, aux coraux de la recherche sous-marine… l’artiste a soigné les détails, faisant valider ses choix par les chercheurs.
Artiste double
Un projet parmi d’autres, tant Moya a de cordes à son arc. Et si, un feutre à la main, il trousse un dessin plein de raffinement en deux temps, trois mouvements, c’est via l’écran numérique qu’il aime, depuis près d’une décennie, laisser vagabonder ses créations.
Pour s’y rendre, pas besoin de passeport, mais d’un ordinateur. Bienvenue sur Second Life, un programme virtuel informatique en 3D, terrain de jeu de milliers d’utilisateurs dans le monde, qui incarnent des personnages virtuels dans un univers qu’ils dessinent selon leurs volontés.
Moya y a trouvé sa terre promise. Dans ce monde-là, son double virtuel, Moya Janus (prénom de son avatar), sert de guide dans son île - baptisée Moya Land - où l’artiste a regroupé depuis dix ans la quintessence de son travail… et les élucubrations de son imagination pour bâtir cette ville onirique où l’on se promène entre œuvres et bâtiments baroques.
Un musée où il a compilé ses toiles, mais aussi des lieux existants. Comme cette chapelle, réplique de celle qu’il a peinte dans le village de Clans. Et même les quais d’un port Hercule chamboulé géographiquement où un morceau de banquise colonisé de manchots vient mouiller en Méditerranée. Référence, là encore à sa collaboration avec le Centre scientifique et les recherches menées sur la vie polaire.
"Ce qui m’intéresse, ce sont les rencontres"
Mais plus encore, si dans son atelier monégasque, les tables de travail sont jonchées de peintures, feutres et que les toiles s’empilent contre les murs, le goût de l’artiste pour ce monde parallèle interroge sur la relation entre le réel et le virtuel. Il y voit l’avenir, une façon aussi, sans être encombré de son corps, de laisser naviguer ses pensées et ses émotions.
Sur son île numérique, Moya a d’ailleurs recréé son atelier monégasque. C’est là qu’il organise des vernissages virtuels, ouvrant les portes de son antre à des avatars qui viennent visiter les lieux.
Un espace en tous points semblables avec l’atelier réel ou l’on retrouve l’atmosphère et les œuvres. "Ce qui m’intéresse surtout avec cette pratique, ce sont les rencontres. Les gens qui passent sur mon île, que j’emmène découvrir mon travail. Sociologiquement, ce qui est intéressant, c’est aussi de voir ce que les gens regardent en priorité dans une exposition". Une façon aussi de mettre le virtuel au service de la relation humaine.
Pour ceux qui préfèrent le contact en chair et os avec l’artiste et son travail, Patrick Moya exposera en fin d’année à la Maison de France.
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