Les Annales racontent les illustres d'antan Un travail de recherches sur les artistes qui ont façonné les décors du Palais princier
La princesse Alice, le sculpteur François-Joseph Bosio ou l'intrigante Marie-Laetitia Rattazi font partie des figures évoquées dans cette nouvelle édition des Archives du Palais princier
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CEDRIC VERANY
Publié le 13/12/2018 à 11:03, mis à jour le 26/12/2018 à 11:04
Deux articles sont consacrés cette année à François-Joseph Bosio, à l'occasion de la célébration du 250e anniversaire de sa naissance, pour évoquer notamment l'une de ses sculptures iconiques : une représentation du roi Henri IV, enfant.Jean-François Ottonello
La collection se poursuit, au rythme constant d'un numéro par année. Le 42e tome des Annales monégasques, publié par les équipes des Archives du Palais princier, vient de paraître. Une revue d'historiens pour les historiens… mais surtout pour le grand public, friand de découvrir les histoires et les personnages qui ont croisé leur destin avec celui de la Principauté.
Comme dans chaque numéro, nombre d'articles s'attachent à l'histoire de la famille princière et à ses grandes figures. Comme celle du prince Albert-1er, qui passionne les historiens en général, et Jacqueline Carpine, en particulier, qui signe dans ce numéro un article évoquant le lien du prince navigateur à la mer, dont il fut un grand défenseur.
Au cours de ses expéditions, il a d'ailleurs été naufragé trois fois : entre le Danemark et la Suède en 1884, à Saint-Mandrier en 1892 et lors de sa deuxième campagne au Spitzberg, en 1899. « Ce rapport à la mer n'avait jamais été évoqué », souligne Thomas Fouilleron, qui dirige la publication.
Focus sur la princesse Alice
Dans un autre genre, un texte de Raphaëlle Doublier s'attache à retracer la vie de Marie-Pelline de Chabeuil, fille du prince Antoine-1er, qui fut muse du compositeur français François Couperin, avec qui elle partageait la passion du clavecin.
Autre figure des Grimaldi évoquée dans ce numéro, la princesse Alice, seconde épouse du prince Albert-1er. L'article de Marieke Touati retrace le destin familial de Marie Alice Heine, qui puise ses sources dans l'émigration française à la Nouvelle-Orléans aux XVIIIe et XIXe siècles. Une odyssée intéressante passée par les colonies françaises avant d'atteindre l'Amérique. Évocation de circonstance alors que cette année, pour le tricentenaire de la fondation de la Nouvelle-Orléans, le souverain s'est rendu sur place pour apposer une plaque sur la maison familiale de la princesse Alice.
Le héros national
Parmi les figures nationales honorées cette année, le 250e anniversaire de la naissance de François-Joseph Bosio a poussé le directeur des Annales monégasques à commander deux articles évoquant le sculpteur.
Le premier, signé Stéphanie Deschamps-Tan, experte de Bosio, décrypte une de ses œuvres emblématiques, une sculpture d'Henri IV enfant qui fut l'une des plus reproduites au XIXe siècle, devenue symbole d'un attachement à la royauté.
Le second texte, produit par Thomas Blanchy, raconte comment s'est construite la stature de héros national que l'on confère aujourd'hui à l'artiste, à une époque où la Principauté, sous le règne de Charles-III, était en recherche d'illustres compatriotes pour construire des références nationales capables d'asseoir la souveraineté du pays.
Cette 42e édition des Annales fait découvrir également le personnage de Marie-Laetitia Rattazi, une femme de lettres de la deuxième moitié du XIXe siècle, issue de la famille Bonaparte. Intrigante et attirée par les cours d'Europe, elle s'est façonnée un personnage qui l'a conduit à Monaco où les princes Charles-III et Albert-1er n'ont pas été insensibles à ses charmes, comme en témoignent quelques courriers conservés dans les archives du Palais.
Enfin, pour les amateurs, l'amorce numérique engagée par les Annales monégasques il y a quelques années se poursuit, avec une numérisation encore importante de documents d'archives et anciens articles qui permet désormais de retrouver l'ensemble des publications historiques du Palais, depuis la fin du XIXe siècle, en un clic !
Le document de l'année de cette 42e édition, signé Yves Giraudon, est consacré aux fresques du Palais princier. Et au travail entrepris ces dernières années pour attester des artistes qui ont réalisé ces décors. Si les peintures de la galerie d'Hercule semblent être l'œuvre de Luca Cambiaso, pour de nombreuses pièces des grands appartements, l'inconnu subsiste.
Cependant, une quittance en latin de 1547, retrouvée dans les archives, indique le versement d'une gratification au peintre et fresquiste Nicolosio Granello par le seigneur de Monaco, pour le travail de grande qualité qu'il a réalisé. Un document qui relance l'enquête…
Le Génois Granello est connu pour avoir réalisé les décors de la villa Doria Centurione dans un quartier de Gênes. Dans cette demeure cossue, un plafond peint trouve une proximité avec ceux de la salle du trône. Est-ce lui qui l'a réalisé à une époque ou la volonté du prince Honoré-Ier était de transformer l'ancienne forteresse Grimaldi en un palazzo de style florentin ?
« Nous avions des suppositions, là, nous sommes certains avec cette quittance qu'il a réalisé des décors au Palais », note Thomas Fouilleron, le directeur des archives. Mais lesquels ?
La quittance n'indique pas quels travaux. Des investigations dans les archives de la cité de Gênes pourraient permettre d'éclaircir ces mystères.
En parallèle, les travaux de restauration des fresques entrepris au Palais ont fait apparaître, dans la chambre Louis XIII, après avoir fait tomber les couches successives, des décors qui sont en train d'être mis à jour. Et qui rappelle aussi les traits du peintre Granello… L'enquête continue.
Est-ce le Génois Nicolosio Granello qui a exécuté les décors du plafond de la salle du trône ? Des documents pourraient prouver que oui.archives Monaco-Matin.
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