"Dans cinq ans, il sera trop tard": une association alerte sur l'arrivée imminente du "lion-fish" sur le littoral azuréen, un poisson qui menace la Méditerranée
Dans le cadre de la Monaco Ocean Week, l’association écologiste Elafonisos Eco est venue de Grèce avertir du danger de la prolifération du lion-fish, aussi appelé rascasse volante, d’ici à cinq ans sur le littoral azuréen.
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A.-S. C.Publié le 24/03/2023 à 10:58, mis à jour le 24/03/2023 à 11:11
Certains experts affirment que l’éradication de la rascasse volante est impossible. Des chercheurs explorent l’utilisation de contrôles biologiques, tels que l’introduction de prédateurs naturels ou de parasites qui ciblent le poisson.Photo Nice-Matin
Il a beau être magnifique et imposant, doté de splendides nageoires, dont certaines sont effilées et colorées de noir et de beige, ce poisson représente aujourd’hui une menace majeure pour l’équilibre de la mer Méditerranée. La rascasse volante, appelée aussi lion-fish, sévit depuis plus de vingt ans dans les Caraïbes.
Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, il quitte les profondeurs pour approcher à grands coups de nageoires des côtes italiennes. Il se trouve déjà à Chypre et en Crête, en Sicile et en Calabre.
Son plus grand prédateur… l’homme
Si ces poissons ont été placés parmi les espèces protégées voici plusieurs années en Amérique du Sud, aujourd’hui ils ne sont plus tout à fait amicaux pour l’écosystème marin lorsqu’ils s’avèrent être trop nombreux. Vorace, ce prédateur est capable de manger l’équivalent de six fois son poids. Sur son passage, les poulpes, les sardines, les anchois n’ont pas de grandes chances de survie. Au point que ces espèces disparaissent aujourd’hui de certains fonds.
"Le lion-fish pourrait devenir un véritable cauchemar si l’on n’agit pas aujourd’hui. Dans cinq ans, il arrivera aux portes de Monaco et il sera trop tard pour bien intervenir." Enrico Toja, président de l’association écologiste grecque Elafoniso Eco, n’a pas mâché ses mots lors de la conférence qui se tenait à ce sujet au Yacht-club de Monaco, dans le cadre de la Monaco Ocean Week.
Soutenue par la Fondation Prince Albert II, qui a en outre préfacé le guide de gestion du lion-fish édicté et présenté par Elafoniso Eco, l’association s’est voulue constructive. Exposant clairement et simplement la problématique, s’appuyant sur des études scientifiques poussées, son président a transmis un message d’espoir. "Il nous reste du temps pour changer le cours des choses et trouver des solutions simples, a martelé Enrico Toja. Le plus grand prédateur de la rascasse volante reste l’homme! Il suffit de manger le lion-fish pour diminuer sa présence. Il se cuisine très bien et c’est très bon!"
À l’instar de ce qui a été réalisé dans les Caraïbes, Enrico Toja et son équipe prônent la consommation du poisson pour résoudre la question de sa prolifération. "Cela passera par l’éducation, la communication et la formation. Nous avons besoin de tous les acteurs de la société pour y arriver. Les gouvernements doivent comprendre l’enjeu. Il faut éduquer le consommateur, le distributeur et le pêcheur. Nous avons besoin de tout le monde. Des enseignants pour parler du poisson à l’école, du restaurateur… C’est ensemble que la solution peut être trouvée." Enrico Toja espère aujourd’hui que l’appel lancé depuis Monaco soit entendu au-delà du pays.
L’association Elafonisos Eco est la première association écologique d’une île grecque. Fondée en 2013, elle est présidée par Enrico Toja, ici entouré de Katerina Kokkinaki, consultante marketing pour l’écologie et les projets durables. Photo A.-S. C..
Un poisson apparu aux Caraïbes
La rascasse volante est un ovipare qui se reproduit très rapidement. La femelle pond tous les quinze jours pas moins de… 45.000 œufs! Plusieurs jours après l’expulsion de ces derniers, des larves de quelques millimètres naissent. Il leur faudra trois semaines pour devenir des alevins.
"Si tous les œufs n’aboutissent pas systématiquement à une naissance, la reproduction reste importante", affirme Enrico Toja, président de l’association grecque Elafonisos Eco, venu exposer cette nouvelle menace pour la Méditerranée ce mercredi au Yacht-club de Monaco. "De plus, les œufs se déplacent facilement avec les courants, ce qui participe à la prolifération de l’espèce." Enfin, la chaleur profite à la reproduction. "Ainsi le réchauffement climatique, et avec lui le réchauffement des eaux, fait augmenter la reproduction de la rascasse volante." D’ici cinq ans, cette espèce pourrait bien occuper les eaux méditerranéennes de Monaco.
Capturer par des plongeurs
Au toucher, le lion-fish est pire qu’une méduse et brûle particulièrement la peau. Sa capture en vue d’être consommé implique l’utilisation de plongeurs spécialement formés. Ces derniers attrapent le lion-fish à l’aide de filets ou de lances. "Ils peuvent en quelques minutes en attraper une trentaine. Vingt minutes après être sortis de l’eau, les poissons ne piquent plus."
Le lion-fish est une espèce de poisson venimeux, originaire de la région indo-pacifique. Il a été observé pour la première fois dans l’océan Atlantique au large de la Floride au milieu des années 1980. Les scientifiques pensent qu’il a été introduit dans l’Atlantique par des propriétaires d’aquariums qui se sont débarrassés de rascasses volantes de compagnie en les jetant à la mer, mais aussi par la destruction d’aquariums publics et privés de Floride après le passage de l’ouragan Andrew survenu en 1992, l’un des ouragans les plus destructeurs qui ait frappé les États-Unis.
Ce poisson s’est ensuite très rapidement développé dans les Caraïbes au début des années 2000. Au point de devenir un problème majeur écologique et économique avec la disparition de populations de poissons indigènes, comme le mérou, le vivaneau ou encore le homard.
Des e-programmes éducatifs pour sensibiliser à la question, et promouvoir ce poisson en tant que poisson de consommation, ont été développés. Ainsi, de nombreux restaurateurs et food-trucks le proposent à la carte. Il est aujourd’hui consommé dans les foyers.
La décla'
"La rascasse volante nous confronte également à des enjeux plus larges, qui concernent notre environnement dans son ensemble et mettent en cause notre responsabilité.", leprince Albert II.
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